Deux directeurs de journaux guinéens condamnés à 6 mois de prison avec sursis

New York, le 14 août 2007—Ce lundi, un tribunal de la capitale guinéenne de Conakry a  prononcé des peines de prison avec sursis à l’encontre de deux directeurs de journaux privés, suite à des articles invoquant la prétendue corruption d’un ancien ministre du gouvernement, selon des journalistes locaux.

Thiernodjo Diallo de La Vérité, et Abdoul Azziz Camara de Libération ont chacun été condamnés à des peines de 6 mois de prison avec sursis, une amende totale de 50 millions de francs guinéens (13 000 dollars américains), et ordonnés de publier le verdict, a déclaré l’avocat de la défense Christian Sow au CPJ. Un pourvoi en appel à été déposé ce matin, selon Sow.

L’ancien ministre des Travaux Publics, Bahna Sidibé, avait déposé une plainte après que des articles, publiés en mars et avril, l’aient accusé de détournement.

« Les affaires de diffamation doivent être jugées devant un tribunal civil, en accord avec les normes internationales », a déclaré le directeur exécutif du CPJ Joël Simon. « Nous réclamons des pourvois en appel pour renverser les condamnations criminelles à l’encontre de Thiernodjo Diallo et d’Abdoul Azziz Camara, et exhortons les autorités à dépénaliser la diffamation. »

En Guinée, les cas de diffamation restent des affaires criminelles, régies sous le sévère et national code de la presse, qui oblige les reporters à révéler leurs sources si le cabinet du procureur de l’état le demande.

En février, les forces de sécurité loyales au Président Lansana Conté, au pouvoir depuis 23 ans, ont sévi contre les médias après que la montée des prix ait entraînée de  pacifiques grèves nationales. Au moins 137 personnes ont pourtant été tuées dans une violente riposte des forces de sécurité, selon des bulletins d’information internationaux. En 2006, l’organisme Transparency International avait classé la nation ouest africaine, riche en bauxite, comme le pays le plus corrompu d’Afrique.