Un journaliste nigérien souffrant transféré à une prison éloignée

New York, le 2 septembre 2009Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) est préoccupé par l’état de santé du journaliste Abdoulaye Tiémogo, à la suite de son transfert lundi dernier d’un hôpital de Niamey, la capitale nigérienne, à une prison de province éloignée. 

Tiémogo, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Canard Déchaîné, souffre du paludisme et ne reçoit plus d’attention médicale adéquate à la prison d’Ouallam, située à 88 kilomètres au nord de Niamey, a déclaré au CPJ son épouse, Zeïnabou Tiémogo. Ce journaliste a contracté le paludisme lors de sa détention à la prison centrale de Niamey, selon des journalistes locaux. Il a ensuite été hospitalisé à l’Hôpital National de cette ville le 22 août dernier, selon l’Association nigérienne des éditeurs de la presse indépendante (ANEPI). Son hospitalisation était quatre jours après sa condamnation à trois mois de prison fermes pour avoir rapporté la réaction de l’ancien premier ministre en exil, Hama Amadou, par rapport à un mandat d’arrêt international lancé contre lui par le gouvernement. Tiémogo a fait appel de cette condamnation et est en attente d’une date d’audience, selon l’avocat de la défense Marc Le Bihan.

« Nous sommes profondément troublés que les autorités nigériennes aient transféré Abdoulaye Tiémogo contre avis médical à une prison éloignée », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes ». « Nous les tenons pour responsables de son bien-être et exigeons qu’il reçoive immédiatement un traitement médical adéquat ». 

Un médecin de la prison centrale de Niamey, soutenu par des éléments des forces de sécurité, est venu arracher Tiémogo de son lit d’hôpital lundi dernier, contre la volonté de son médecin traitant qui estimait que le journaliste avait besoin de plus de soins, ont  déclaré sa femme qui elle même une journaliste.

Le choix délibéré de cette prison éloignée, plutôt qu’un autre lieu d’emprisonnement plus proche et plus commode, isole Tiémogo d’avantage et le met en danger en cas de rechute, a déclaré Abdourahamane Ousmane, président du Réseau des journalistes pour les droits de l’homme (RJDH).

Tiémogo a été arrêté le 1er août dernier, quelques jours avant un référendum national controversé sur un projet d’amendement constitutionnel qui a permis au président nigérien de resserrer son étau sur la presse.