Affublé du sobriquet « La dernière monarchie absolue du monde », ce tout petit pays enclavé était au bord de la faillite, lorsque le Roi Mswati III exerçait un contrôle sévère sur les médias d’information et les voix de l’opposition. L’un des deux quotidiens du pays appartenait au roi et le rédacteur en chef du second quotidien, n’était autre que son conseiller. La radio et la télévision étaient également sous contrôle de l’État. Bien que les Swazis aient facilement accès à la radio et à la télévision sud-africaine, les autorités passaient au peigne fin tous les journaux sud-africains qui entraient au Swaziland. Si un journal était jugé critique envers le roi ou le gouvernement, tous les exemplaires de ce journal étaient achetés et détruits. L’autocensure régnait dans ce royaume où les partis politiques sont interdits, et les voix critiques au sein de la société civile et les médias réduites au silence, et sujettes à des représailles juridiques ou professionnelles. Peu de personnes osaient défier le gouvernement. Les conseils d’administration des entreprises publiques, tel que le groupe Swazi Observer Newspaper maintenaient leurs rédacteurs sous surveillance constante. Les éditeurs veillaient à ce que leurs journalistes marchent au pas. Un tribunal a condamné le rédacteur en chef du journal indépendant The Nation à une sévère amende, à la suite de publications jugées critiques. Celui-ci s’est pourvu en appel. Il est actuellement en liberté en attendant son procès en appel. Fait encourageant, le Parlement a adopté des projets de loi permettant la création d’une pluralité de chaînes de télévision et de radio, -y compris des radios communautaires,- ainsi qu’une commission de régulation de l’audiovisuel.

Swaziland

PRINCIPAUX DEVELOPPEMENTS

» Une forte amende infligée à un journaliste.

» Deux projets de loi promettent la libéralisation des ondes.

Affublé du sobriquet « La dernière monarchie absolue du monde », ce tout petit pays enclavé était au bord de la faillite, lorsque le Roi Mswati III exerçait un contrôle sévère sur les médias d’information et les voix de l’opposition. L’un des deux quotidiens du pays appartenait au roi et le rédacteur en chef du second quotidien, n’était autre que son conseiller. La radio et la télévision étaient également sous contrôle de l’État. Bien que les Swazis aient facilement accès à la radio et à la télévision sud-africaine, les autorités passaient au peigne fin tous les journaux sud-africains qui entraient au Swaziland. Si un journal était jugé critique envers le roi ou le gouvernement, tous les exemplaires de ce journal étaient achetés et détruits. L’autocensure régnait dans ce royaume où les partis politiques sont interdits, et les voix critiques au sein de la société civile et les médias réduites au silence, et sujettes à des représailles juridiques ou professionnelles. Peu de personnes osaient défier le gouvernement. Les conseils d’administration des entreprises publiques, tel que le groupe Swazi Observer Newspaper maintenaient leurs rédacteurs sous surveillance constante. Les éditeurs veillaient à ce que leurs journalistes marchent au pas. Un tribunal a condamné le rédacteur en chef du journal indépendant The Nation à une sévère amende, à la suite de publications jugées critiques. Celui-ci s’est pourvu en appel. Il est actuellement en liberté en attendant son procès en appel. Fait encourageant, le Parlement a adopté des projets de loi permettant la création d’une pluralité de chaînes de télévision et de radio, -y compris des radios communautaires,- ainsi qu’une commission de régulation de l’audiovisuel.



  • $20,000

    Dollars américains d'amende
  • 1

    Organe de presse indépendant
  • 8

    Mois de suspension
  • 2

    Projets de loi sur l’audiovisuel
 

En avril un tribunal a condamné Bhekitemba Makhubu, rédacteur en chef de The Nation, à une amende 20.000 dollars américains pour des articles publiés en 2009 et 2010 dans lesquels il critiquait le système judiciaire du Swaziland. Makhubu a été condamné à deux ans de prison s'il ne parvenait pas à payer l'amende. Il a fait appel de la sentence.

L'article de Makhubu expliquait que la magistrature du Swaziland n'avait pas réussi à défendre les valeurs que prônait la constitution du pays adoptée en 2005, ni permis la création de partis politiques. Il avait affirmé qu’en raison de cet arrêt, l'administration du Swaziland en 2009, était comparable à celle de l’Angleterre du moyen âge.

The Nation a été la cible d’attaques ces dernières années.


Chronologie des attaques:

Novembre 2009

The Nation publie un article intitulé : « Les acteurs du judicaire seront-ils absents à la fête? Le chef des juges Richard Banda, doit rallier ses troupes derrière la Constitution de 2005 ».

Decembre 2009

Le procureur général du Swaziland envoie une lettre à Makhubu, dans laquelle il lui écrit que son article est méprisant et que le journal devrait songer à publier ses excuses au juge en chef. The Nation refuse de s’excuser.

Février 2010

The Nation publie un deuxième article avec un commentaire de Makhubu dont le sous-titre est : «Sans langue de bois »

Mars 2010

Makhubu et la maison de presse Swaziland Independent Publisher [Editeurs Indépendants du Swaziland] qui publie The Nation, sont accusés d’« outrage à magistrat» et pour « atteinte à la bonne réputation de l'administration judiciaire ».

Février 2012

Makhubu plaide sa cause devant le tribunal. Il explique ses articles ne sont que des commentaires d’intérêt public.

17 avril 2013

Dans un arrêt de 91 pages, le juge M.C.B. Maphalala déclare Makhubu et Swaziland Independent Publishers coupables de deux chefs d'accusation et les condamne à une amende de 400.000 emalangeni (environ 40.000 dollars américains), dont la moitié avec sursis, à condition qu’ils ne se rendent pas coupables d’infractions similaires dans les cinq années à venir.. Le juge leur ordonne par ailleurs, de payer l'amende sous les trois jours en expliquant que son non-paiement, entraînerait une peine d'emprisonnement immédiate de deux ans pour Makhubu.

23 avril 2013

Makhubu introduit un recours auprès de la Cour suprême. Aucune date n'est fixée pour l’audience. Il reste en liberté en attendant son procès en appel.
 

Le mensuel d’information The Nation est détenu et publié par Swaziland Independent Publishers. Les défenseurs de la liberté de la presse considèrent cette publication comme la seule voix indépendante au Swaziland.

Malgré l'article 24 de la constitution du Swaziland qui consacre la liberté de la presse, la plupart des principaux médias sont contrôlés par l'État. Les autres choisissent l'autocensure.


Principaux organes de presse:

Times of Swaziland

Le journal est détenu par un privé. Selon Richard Rooney, ancien professeur de journalisme à l'Université du Swaziland, ce dernier est complaisant et bienveillant envers le roi. (Martin Dlamini, le rédacteur en chef du journal, est employé par le roi en tant que conseiller.)

En 2011, Rooney écrivait que le Times avait une « longue tradition d’à-plat-ventrisme d’assujettissement envers le roi Mswati ». Il a cité des exemples de censure d’articles critiquant le roi, ou le licenciement de chroniqueurs qui critiquaient la royauté. (Suis pas sure qu’on dise « a-plat-ventrisme Je préférerais le mot « amitié complice)

Au milieu des années 1990, le gouvernement a menacé de retirer toutes ses insertions publicitaires dans le Times si le journal ne disciplinait pas sa ligne éditoriale. En 2007, le journal a été menacé de fermeture suite à un reportage critique sur l’économie exsangue du pays et sur la mauvaise gouvernance.

Le groupe de presse « Swazi Observer Newspaper Group »

Le roi Mswati III est propriétaire du groupe de presse à travers un conglomératroyal dénommé Tibiyo Taka Ngwane et créé par le père du roi, le roi Sobhuza II, en 1968. Sa mission consiste à rendre compte « de la dynamique en marche au Swaziland, refléter les réalités du Swaziland, tout en respectant les valeurs sociales et culturelles de la nation swazi ».

La chaine de radio « Voice of the Church »

Le réseau mondial de radio chrétienne TransWorld Radio est propriétaire de la chaîne. Elle diffuse grâce à une licence accordée par le roi, Son contenu se limite aux questions religieuses.

La chaîne «Swaziland Broadcasting and Information Service»

Selon un rapport publié par l'Institut des Médias d'Afrique Australe, cette chaîne de radio publique émet en anglais et en siswati. Le gouvernement a interdit la couverture des activités des syndicats de travailleurs, y compris les grèves et les annonces faites par les médias d'État.

La chaîne « Swazi TV »

La chaîne est la propriété de l’institution publique « Swaziland Television Authority ».Selon un rapport du bureau Swaziland de l'Institut des Médias d'Afrique Australe, le gouvernement a invoqué les directives portant sur la régulation des annonces dans les médias publics, pour empêcher les citoyens d’exprimer leurs opinions par le canal des radio-télédiffuseurs.

La chaîne « Channel Swazi »

Cette chaîne de télévision émet par intermittence en raison de problèmes financiers. Selon le MISA Swaziland, ni cette chaîne de télévision privée, ni la chaîne « Voice of the Church » « n’ose remettre en cause l'élite dirigeante du pays ou faire de reportage sur eux, si ce n’est en des termes bienveillants. ».
 

Selon les médias, deux éditeurs, Alec Lushaba et Thulani Thwala, ont été réintégrés en mars 2013, après avoir été suspendus pendant huit mois par leur employeur, le groupe de presse Swazi Observer Newspaper.

Les éditeurs ont été accusés de « couverture médiatique négative » et de non-respect du mandat de la société, qui inclut « le respect des valeurs sociales et culturelles de la nation swazi ». Le roi étant perçu comme l'incarnation de ces valeurs.

Lushaba et Thwala avaient publié des articles critiques à l'égard du roi, dont un article publié en juin 2011 qui portait sur de prétendues tentatives du Swaziland d’obtenir un prêt auprès de l'Afrique du Sud. Selon le directeur général de Tibiyo Taka Ngwane, le conglomérat royal qui détient le groupe de presse Swazi Observer Newspaper, ces articles ont embarrassé le roi.

En juin 2012, l'Afrique du Sud et le Swaziland ont conclu un accord de prêt d'environ 240 millions de dollars américains, conditionné à la mise en œuvre de réformes politiques et économiques par le Swaziland. En janvier 2013, le Swaziland a déclaré qu'il renonçait au prêt.

 

Les radios communautaires ont été interdites au Swaziland. Cependant, en juin 2013, le Parlement a adopté le Swaziland Communications Commission bill (projet de loi portant sur la création d’une commission de régulation des communications) et l’Electronic Communications Bill (projet de loi portant sur les communications électroniques), qui favoriseront l’éclosion d'un secteur de radios communautaires et d’une commission de régulation de l’audiovisuel. Auparavant, c’était le chef du Swaziland Broadcasting and Information Service [service d'information de radiodiffusion du Swaziland] qui avait toute latitude pour déterminer quelles étaient les chaines autorisées à émettre.

Un jeune réseau de radios communautaires lancé en juillet 2013 et des chaînes de radio privées ont soumis des demandes d’autorisation d’émettre.


Les chaînes ayant formulé des demandes de licences:

Lubombo Community Radio

Matsanjeni Community Radio

Ngwemphisi Community Radio R

adio Campus Universitaire

Radio de l'Église Adventiste du Septième Jour

Voice of the Church

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Principales nouvelles durant 2013
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