République du Congo : quatre journaux sont suspendus

New York, le 7 juin 2013– Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a aujourd’hui demandé aux autorités de la République du Congo de lever les mesures de suspension contre quatre hebdomadaires de la capitale Brazzaville qui ont été sanctionnés pour avoir publié des articles critiquant des fonctionnaires du gouvernement. Ces suspensions ont été infligées par l’organe de régulation des médias dont les 11 membres sont tous choisis par le président de la République.

 « Les autorités de la République du Congo semblent se servir du Conseil supérieur de la liberté de communication pour fouetter les journalistes qui soulèvent des questions d’intérêt public ou qui remettent en cause la gestion des fonctionnaires », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons la levée immédiate de la suspension des quatre journaux. Au regard des écrits incriminés, les raisons invoquées pour justifier ces sanctions sont au mieux contestables, sinon douteuses », a-t-il martelé.

Le 1er juin courant, le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC), a suspendu L’Observateur, Talassa, et Le Trottoir pour quatre mois, les accusant d’incitation à la violence, de diffamation et d’atteinte à l’honneur des fonctionnaires du gouvernement, selon des  médias  et des journalistes locaux. Les journaux ont été sanctionnés pour avoir republié un article d’Afrique Education, un magazine bimensuel basé en France, dans lequel le président Denis Sassou Nguesso est accusé d’ implication dans l’assassinat en 1977 de Marien Ngouabi, ancien chef d’état de la République du Congo. Le président Sassou Nguesso a nié toute implication dans cet assassinat, selon l’agence de presse britannique Reuters.

Le CSLC a également infligé une suspension de deux mois à l’hebdomadaire Le Glaive pour « refus répété d’obtempérer et de répondre aux interpellations du Conseil », a rapporté Reuters. Guy Milex Mbondzi, collaborateur du Glaive, a déclaré au CPJ que la suspension avait un lien avec une enquête du journal sur des pratiques du ministère des Affaires étrangères en  matière de délivrance de passeports diplomatiques. Le journal avait publié une série d’articles affirmant que des hauts fonctionnaires du ministère ont délivré des passeports diplomatiques à des personnes qui ne remplissaient pas les conditions établies par la loi. Les articles ont inclus des copies de demandes de passeports de plusieurs de ces personnes.

En réponse à ces articles, le ministre congolais des Affaires étrangères Basile Ikouébé, a émis un communiqué de presse disant que les documents avaient été obtenus illégalement à partir des archives de l’État. Il a accusé Le Glaive de participer à une « campagne de dénigrement » et à des « actes systématiques de provocation », et demandé au CSLC de prendre des mesures contre ce journal.

En septembre 2012, le CSLC avait suspendu Le Glaive pour six mois et l’hebdomadaire La Voix du Peuple pour neuf mois pour une série d’articles critiquant les dirigeants et les méthodes dudit conseil, selon des médias.

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