Un journaliste congolais assassiné à Goma, la capitale du Nord-Kivu

Nairobi, le 29 décembre 2014–Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a aujourd’hui appelé les autorités congolaises à enquêter de manière approfondie sur l’assassinat vendredi dernier du journaliste de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC) Robert Chamwami Shalubuto à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), et à traduire les responsables en justice.

Deux hommes armés non identifiés ont fait irruption dans un débit de boissons sis dans le quartier Keshero de Goma le 26 décembre courant vers 21 heures, heure locale, et ont ouvert le feu  sur Chamwami l’atteignant à la poitrine, selon des médias  et des journalistes locaux basés dans la capitale. Chamwami est décédé au cours de son acheminement dans un hôpital de la place, selon les mêmes sources. Chamwami, un chevronné journaliste et présentateur en swahili et en anglais, travaillait pour la RTNC depuis 17 ans, ont dit au CPJ des journalistes.

Des journalistes locaux qui ont parlé au CPJ ont dit qu’ils ne pouvaient pas identifier un article particulier qui pourrait avoir servi de mobile pour l’assassinat de leur confrère, mais ont souligné que Chamwami avait précédemment reçu des menaces de mort par téléphone. Chamwami avait commencé sa carrière comme journaliste sportif, mais plus récemment couvrait l’actualité générale pour le service en anglais de la RTNC, y compris des sujets locaux sensibles telle qu’une évasion  de la prison centrale de Goma en début décembre, selon des journalistes.

Magloire Paluku, journaliste de Radio Kivu 1, a déclaré à la chaîne de télévision privée, Télé 50, que Chamwami venait de terminer une interview à l’université locale et avait rejoint des amis dans la soirée dans un débit de boissons près de son domicile.

Le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu, Feller Lutaichirwa, a dit qu’une enquête sur l’assassinat est en cours, selon des médias. Cette province est un endroit particulièrement dangereux pour la presse, selon des recherches du CPJ.

« Les journalistes ont longtemps été ciblés dans le Nord-Kivu en toute impunité », a déclaré Tom Rhodes, représentant du CPJ pour l’Afrique de l’Est. « Il est maintenant temps de mettre un terme à ce cycle de violence en menant une enquête crédible sur cet assassinant et en traduisant les auteurs en justice », a-t-il martelé.

Le directeur provincial de la RTNC au Nord-Kivu, Gabriel Lukaka, a déclaré au CPJ que la station a été profondément attristée par cette perte et étudiait le mobile potentiel du meurtre.

La branche de l’Union nationale de la presse du Congo au Nord-Kivu a organisé un boycott médiatique dans ladite province le 29 décembre courant de 8 heures à 14 heures pour protester contre le meurtre de Chamwami, selon des médias  et des journalistes locaux.

Il convient de rappeler qu’en février un groupe rebelle ougandais, les Forces démocratiques alliées, avait abattu  le  journaliste de la Radio Télévision Muungano Germain Kennedy dans la ville d’Oïcha au Nord-Kivu alors qu’il était à bord d’un véhicule militaire congolais.